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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/793

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combattre, ce n’est pas, dit l’Apôtre, la chair et le sang : les puissances qui s’opposent à nous sont des esprits pervers et incorporels ; tout y est actif, tout y est nerveux ; et si Dieu ne retenait pas leur fureur, nous les verrions agiter le monde avec la même facilité que nous tournons une petite boule. « Ce sont, en effet, les princes du monde, dit le saint Apôtre, ce sont des malices spirituelles », spiritualia nequitia : où il suppose manifestement que leurs forces naturelles n’ont point été altérées, mais que, par une rage désespérée, ils les ont converties en malice[1].


Tel est l’enseignement de Bossuet sur la puissance naturelle du démon ; et l’aigle de Meaux est bien l’écho fidèle et l’exact interprète de l’enseignement des Pères et des docteurs. D’après ceux-ci, d’après le grand évêque, la puissance des démons reste, sinon entière, du moins assez peu diminuée, après leur chute, pour dépasser tout ce que nous pouvons voir ou imaginer dans les forces naturelles que ce monde nous présente.

C’est ce qu’a expliqué très clairement, dans la Revue Catholique de Coutances (numéro du 31 mars 1893), M. le chanoine Mustel, en commentant les extraits ci-dessus des deux sermons de Bossuet. — Je cite volontiers le courageux écrivain religieux, non seulement parce que son érudition théologique est bien connue, mais aussi parce qu’il est honoré de la haine spéciale des francs-maçons en général et des palladistes en particulier. Je ne le connaissais pas, lorsque j’ai entrepris la divulgation de mon enquête ; et déjà, avec son esprit perspicace, comme Mgr Fava, comme Mgr Meurin, il avait sondé les profondeurs de Satan. Il savait sans avoir vu ; il était certain des infamies qui se commettent et que je suis venu dévoiler. J’ai été, je suis le témoin dénonciateur. M. le chanoine Mustel, constatant que ce que je révélais confirmait ce que les catholiques clairvoyants ont depuis longtemps annoncé, s’est rendu sans hésiter auprès de moi ; sa loyauté n’a pas mis un moment en suspicion ma sincérité ; la sympathie réciproque a été le premier résultat de cette connaissance, qui a bientôt entraîné des relations plus régulières ; nous avons échangé nos vues, et c’est ainsi qu’à mon tour je n’ai pas hésité à confier à cet intrépide champion de l’Église bien des choses que je ne pouvais livrer à la publicité. — M. le chanoine Mustel est donc un des ecclésiastiques à qui je me suis fait connaître dès la première heure ; aussi, je dois le dire, ses encouragements m’ont consolé de bien des tristesses, ont chassé de mon cœur bien des amertumes.

Donc, M. l’abbé Mustel écrivait dans son commentaire de Bossuet :

« Les démons peuvent agir et sur les intelligences et sur les corps, avec une puissance dont rien de ce que nous voyons hors de nous et de ce qui est en nous ne peut nous donner une idée.

  1. Premier sermon sur les démons (première partie).