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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/810

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il continuait de combattre le christianisme par ses impostures et ses prestiges diaboliques. Saint Pierre ne manquait jamais de le confondre, lorsqu’il le rencontrait. La dernière fois qu’il le vit, ce fut dans la campagne romaine.

« Le Magicien était assis sous un platane, enseignant la foule. Pressé par les arguments de l’Apôtre et réduit au silence, le Mage, après avoir tergiversé longtemps, prit le parti d’annoncer qu’il allait se faire enterrer vif, et qu’on le verrait ressusciter le troisième jour. Il ordonna donc à ses disciples de creuser une fosse et de l’envelopper d’un suaire. On le déposa dans cette tombe ; mais il y est resté jusqu’à ce jour, car Simon n’était point le Christ. » (Philosophumena, livre VI, § 20.)

« Évidemment, fait observer Mgr Fava après cette citation, les francs-maçons peuvent réclamer le Magicien de Samarie pour un de leurs ancêtres, prophète du Rite magique de Misraïm, associé de Satan et compagnie, pour la destruction du christianisme.

« Nos sectaires modernes sont bien petits auprès de ce Samaritain, comme hommes ; mais les démons qui les aident sont toujours les mêmes. Chose étrange ! nous retrouvons, après dix-neuf siècles, Pierre luttant encore avec les fils de Simon le Magicien, que leurs chutes ne corrigent jamais. »


Je laisse de côté d’autres faits aussi caractéristiques de possession, s’étant produits aux premiers siècles de l’Église, — sauf à parler plus loin du cas de Julien l’Apostat, que j’aurai à opposer, comme exemple des prestiges diaboliques, aux cas d’hallucination ressortissant de la médecine, — et je passe sans transition aux faits surnaturels constatés dans la fameuse période dite de l’an 1000.

Le plus grand des maux, la plus aiguë des misères de cette époque, a été, sans contredit, le déchaînement des puissances infernales. Quelle fut à ce moment la pensée de Dieu ? Nul ne le sait. Mais les faits prouvent surabondamment que le monde sembla alors comme sur le point d’être entièrement bouleversé.

Une croyance était partout répandue ; d’après des prophéties, sans doute mal interprétées, l’opinion presque générale était que le dernier soir de l’an 1000 verrait la destruction de toutes choses, la terre, l’humanité et l’Église sombrent dans une catastrophe apocalyptique. On appliquait à l’an 1000 ces paroles de l’Écriture Sainte : « Quand vous entendrez parler de guerre, prenez garde de ne pas vous troubler ; car il faut que toutes ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin… Il y aura des famines, des pestes, des tremblements de terre en divers lieux ; il paraîtra des choses effroyables et de grands signes dans le ciel. »