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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/842

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Ordre est donné aux démons d’éteindre chacun une lumière, à mesure qu’ils sortiraient. On entend dans le corps de la possédée un bruit épouvantable ; son cou, sa poitrine enflent prodigieusement, ses membres se raidissent ; elle se ramasse comme une pelote, devient sourde et aveugle ; et, dans l’espace de six heures, tous ses démons sortirent, en éteignant chacun un cierge.

Le dernier résistait ; cinq hommes tenaient la possédée, qui, malgré eux, s’élevant à plusieurs pieds de terre, saute d’un seul bond sur le corporal qu’elle avait arraché de l’autel et le foule aux pieds ; ce dernier démon lance deux pierres, l’une dans la chapelle, l’autre dans la cour du château ; Véronique s’évanouit et se trouve délivrée.

les possédées de flandre

On donne ce nom à un procès de sorcellerie qui eut lieu à la même époque et dont le retentissement fut grand en Europe.

Ici, nous ne sommes plus en présence de personnes pieuses chez qui le diable s’introduit méchamment, ayant surtout pour but de les faire souffrir. Il faut, en effet, distinguer les cas de possession passive et les cas de possession active ; car les magiciens, les sorciers et autres gens de même espèce, qui s’adressent au diable en parfaite connaissance de cause, pour obtenir de lui certains avantages matériels ou pour le faire intervenir surnaturellement à leur demande, finissent bien souvent par être en état de possession. Mais ils sont des possédés coupables, attendu qu’ils ont sollicité Satan, de quelque nom qu’ils l’appellent. L’Église établit donc, et avec raison comme toujours, une distinction formelle entre ces deux catégories de possédés Les possédés passifs, dignes de pitié, sont délivrés par les exorcistes pour la plus grande gloire de Dieu ; quant aux possédés actifs, vrais criminels, elle les traite en conséquence, et, au moyen âge, lorsque ces misérables ne témoignaient pas un repentir sincère de leurs méfaits, la justice séculière intervenait, après le jugement porté par le tribunal ecclésiastique, se saisissait des coupables et les livrait au bourreau. Et, pour mon compte, je n’hésite pas à le déclarer, dût-on me traiter d’exalté et d’intolérant, je regrette fort qu’il n’en soit plus ainsi ; l’association directe d’une créature avec Satan contre Dieu créateur est le pire des crimes. La liberté de conscience n’est pas en jeu dans ce cas, puisqu’il s’agit de véritables attentats contre l’humanité même. Nuire à son prochain dans sa santé et jusque dans sa vie par des moyens surnaturels, tels que l’envoûtement et autres sortilèges, n’est pas moins criminel que l’attaquer par des moyens naturels, poignard ou poison.

Les possédées de Flandre étaient donc des sorcières, c’est-à-dire des