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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/921

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notre médecin était là, un homme qui… un homme que… un homme dont… » Toute une litanie d’éloges de sa vigilance, de son expérience, de son talent. « Bref, il me l’a sauvé ; sans lui, mon enfant était perdu ! »

Eh bien, la fièvre cérébrale n’existe pas. Elle est d’invention maternelle ; elle est une grosse erreur encouragée par le médecin ignorant ou coupable, qui en profite moralement et pécuniairement. Je m’explique.

Nous savons que l’hystérie et la méningite ont, chacune de son côté, une symptomatologie, et qu’elles sont absolument distinctes l’une de l’autre, en ce sens que même une hystérie qui simulerait les symptômes de la méningite prouverait qu’elle n’en est pas une par le fait concluant de la guérison. Or, vous remarquerez que, ni dans l’hystérie de l’enfant, ni dans sa méningite, celui-ci ne délire, dans le sens absolu du mot. L’enfant, qui pense peu, d’ailleurs, qui est plutôt passif qu’actif, délire peu en général aussi : il a plutôt des convulsions et tombe dans le coma, état d’assoupissement plus ou moins profond ; son intelligence n’aberre pas, elle s’éteint. Eh bien, contrairement à cette règle générale et par une unique exception, peut-être, dans ce qu’on appelle vulgairement une fièvre cérébrale, c’est le délire qui prime tout. Là, tandis que dans l’hystérie et la méningite tout est calme, triste, parce que l’économie, terrassée à l’improviste, n’a pas pour ainsi dire la force de réagir en présence de la mort qui est là, au contraire, tout est bruyant dans cette prétendue fièvre cérébrale. Un grand délire, monotone, quelquefois doux avec des exacerbations terribles, telle est en deux mots la caractéristique de cette maladie qui n’existe pas, que la vraie science médicale se refuse à reconnaître. Et si maintenant nous voulons nous rappeler ce que nous avons observé de l’enfant obsédé au début de la possession diabolique, cela se rapportera tout naturellement à ladite fièvre cérébrale, et ici nous serons dans le vrai.

Vous n’avez pas oublié cet enfant, qui est rentré chez lui avec une grosse peur. Or, pour peu que l’action démoniaque ait été vive et la peur considérable, le délire s’établira chez cet enfant, accidentellement et d’une façon tout à fait exceptionnelle, et cela à raison de ce que la cause de la maladie dont il est atteint est exceptionnelle aussi. Je mets ici « maladie » pour les besoins de la discussion, bien que ce ne soit pas le cas d’employer ce terme ; car nous sommes en présence d’un accident qui n’a rien de naturel.

Alors, que se passe-t-il ?… Sous les yeux de la mère épouvantée, la pseudo-méningite ou fièvre cérébrale suit son cours, caractérisée par le délire permanent. Le pauvre petit est pris de fièvre ou plutôt d’élévation du pouls ; sa figure est rouge, vultueuse, comme framboisée ; il s’horri-