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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/922

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pile, crie, pleure, portant sans cesse la main à ses yeux, comme s’il voulait en chasser une image qui l’obsède ; puis, il déparle dans son cauchemar, prononce des mots extravagants, incohérents, orduriers, sans arrêt quelquefois durant des heures entières, puis retombe épuisé, et parfois meurtri de coups ; notez bien ce dernier détail, très important.

Est-ce là l’évolution de l’hystérie ou de la méningite ?… Allons donc !… Quel est le médecin ayant étudié longtemps et sérieusement, quel est le vrai docteur, le praticien savant qui oserait répondre oui ? Je serais curieux de le connaître… Non, il n’y a là ni hystérie ni méningite ; il y a une maladie (?) particulière, qui n’est autre qu’une crise d’obsession ou une tentative de possession de l’enfant par le diable ; la prétendue fièvre cérébrale est ni plus ni moins une fièvre démoniaque, et elle est du ressort du prêtre plutôt que du médecin.

Et rappelez-vous bien ce que je vous dis ici, mères de famille : en ces cas, quand par malheur ils se produisent, puisque vous faites appeler l’homme de la science médicale, ne manquez pas de réclamer aussi et en même temps l’homme de la science divine ; les deux se complèteront. Presque toujours, dans les cas de ce genre, le prêtre vaut mieux que le médecin. Ce dernier trop souvent ne sait pas grand’chose en médecine, et il ne peut rien, à coup sûr, pour combattre le mal dans le domaine du surnaturel ; tout au contraire, le premier, infaillible en diabolisme, ne nuira du moins jamais au point de vue médical.


Il resterait peut-être bien à dire encore, pour en terminer avec ce qui a trait à ce point particulier qui nous occupe. Je pourrais établir le diagnostic différentiel d’avec la fièvre typhoïde ; mais c’est là une maladie si connue, si banale, si classique, que cela serait véritablement oiseux. Du reste, je crois avoir procédé par élimination dans des proportions suffisantes, pour que le lecteur ait déjà bien compris qu’il y a opposition absolue entre certains états naturels ou maladies et l’état surnaturel de souffrance qui est la possession passive. En outre, j’ai hâte de sortir de cette médecine, que je sens peu intéressante, pour revenir sur le terrain de l’exploration et des faits.

Il m’a semblé bon d’insister quelque peu et même de consacrer plusieurs pages à cette exposition, à raison de ce que le scepticisme, l’incrédulité en ces matières semblent avoir envahi une certaine partie du public catholique et jusqu’à des prêtres. Cet examen était donc nécessaire, et j’ai pris de préférence l’état de possession chez l’enfant, parce qu’on ne saurait l’accuser de se livrer à des jongleries.

Cela dit, j’en arrive plus spécialement aux faits, et, ici de nouveau, je commence par ce qui concerne les enfants.