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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/27

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badigeonnées de rouge. Il était tout à fait imberbe. Un instant, j’ai douté qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, mais lorsqu’il s’est de nouveau arrêté devant la colonne, j’ai été pleinement convaincu de son sexe.

Quelqu’un d’autre s’approcha à pas feutrés, en remuant les fesses, de derrière un de ces pissoirs[trad 1]. C’était un vieil homme râblé, minaudant, aussi ratatiné qu’une pomme de terre rongée par le gel. Ses joues étaient très creuses, et ses pommettes saillantes très rouges ; son visage était rasé et tondu, et il portait une perruque avec de longues mèches de lin clair.

Il marchait dans la posture de la Vénus de Médicis, c’est-à-dire avec une main sur son entre-jambes et l’autre sur sa poitrine. Son allure était non seulement très pudique, mais il y avait chez le vieillard une candeur de jeune fille qui lui donnait l’apparence d’un proxénète vierge.

Il ne me regarda pas fixement, mais me jeta un coup d’œil de côté en passant. Il fut rejoint par un ouvrier, un homme fort et robuste, boucher ou forgeron de métier. Le vieil homme aurait évidemment voulu s’éclipser sans se faire remarquer, mais l’ouvrier l’arrêta. Je n’entendis pas ce qu’ils disaient, car bien qu’ils fussent à quelques pas l’un de l’autre, ils parlaient sur ce

  1. Note de Wikisource. En français dans le texte.