Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
SOSIPATRA ET LA COURTISANE

– Ne te fâche pas, grande Uranie. Je me croyais ensorcelée par un jeune homme. J’ai demandé… un… renseignement… à… à… cette Jacinthe… que… Philométor avait aimée…

– Je le sais, dit Uranie, je sais que ton cœur est pur et que ton imagination, seule, est malade. Ne pleure pas, chère fille. Je ne t’ai interrogée que pour t’éprouver. Tu ne sais pas mentir. Tu es encore un peu plus qu’une femme.

– Ou un peu moins…

– Comment ?

– … Puisque j’ignore ce que sait, paraît-il, la dernière des servantes… Ô Muses, mes amies, je vous dois tout, – je veux dire presque tout, – donnez-moi ce qui me manque afin que je sois, véritablement, une femme. Donnez-moi l’amour.

– Ta mère nous l’avait demandé pour toi, comme un dixième don. Mais cela regarde d’autres divinités… Aphrodite… Éros… Nous sommes vierges, mon enfant, et nous nous passons fort bien de l’amour.

Et comme Sosipatra, honteuse et se détestant elle-même, recommençait à pleurer, Uranie lui dit, d’un ton plus doux :