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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/115

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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

d’amour, qui les scandalisaient, afin de maintenir, devant la postérité, la figure d’une Sosipatra légendaire, au cerveau masculin, patronne des savantes et des pédantes. Mais tu sais maintenant, Eustokhie, que mon aïeule était plus qu’une femme et pourtant femme…

EUSTOKHIE.

Comme toi et moi…

MÉLITTA.

Comme toi et moi, dans notre jeunesse, car elle ne devait pas vieillir. Elle mourut à moins de trente-cinq ans. Son fils aîné s’en fut en Égypte, le second je ne sais où, et le troisième, mon père, revint à Éphèse, patrie de ses ancêtres maternels, où il se maria, où je naquis. J’avais seize ans lorsqu’un disciple de Maxime, traversant notre cité, fut reçu chez mes parents. Il s’avisa que j’avais un peu d’intelligence et proposa à mon père de m’instruire dans la philosophie platonicienne et les mystères chaldéens… Mais on m’avait raconté l’histoire de Sosipatra. Je sentais que je n’aurais ni le génie de mon aïeule, ni sa vertu ; que je ne saurais ni me passer de