Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/103

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correct. Vous m’auriez plutôt fait souvenir de Musset.

— ........ ?

— Vous ne vous rappelez pas, la Confession, et la gravure de Bida : « Ainsi parlais-je de déjeuner, d’une voix mordante, dans le silence de la nuit. »

— Que vous êtes bête, mon pauvre ami !... Toujours est-il qu’on m’offre un peu de vin de Porto : « Nane, est-ce que c’est toujours cette chose fade et blanchâtre, qu’on vous envoie de Lunel par Bercy ? » — « Non, il est rouge, avec ce goût de poussière que vous y aimez. » J’en bois donc un verre, et comme menu ensuite il y a des hors-d’œuvre (ils sont convenables chez Nane) : crevettes, anchois, du céleri-rave haché à la sauce de moutarde qui est très bon, du beurre avec du sel gris, et puis de ces poissons hindous boucanés, qu’on ne trouve nulle part...

— Du haddock ?

— Hindous, je vous dis. D’Inde, comme Mme de Talleyrand. Après ça, des rognons aux œufs pochés, dans un turban de nouilles. Après ça, des crêpes aux confitures : vous savez, de ces confitures glorieuses dont parle Montaigne. Après ça...