Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/104

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— Merci, je n’ai plus faim.

— Vous dirai-je les vins et le café ?

— Pousse-café, rincette, surrincette. Vous avez dû vous faire jolis.

— Pas mal. Nane surtout me parut être au mieux de sa forme. Là-dessus, et moi-même joyeux d’avoir évité la fâcheuse congestion, chacun se tire de son côté. C’est ici que ça se corse.

— Prenez votre temps.

— Vous savez que Nane a une nouvelle manucure, une femme extraordinaire, dont l’existence est tout un roman. C’était la fille d’un photographe chargé d’enfants. Toute jeune elle épousa un employé d’octroi, qui lui fit cinq fils. Les uns moururent, les autres tournèrent mal ; en sorte qu’elle est restée veuve en pleine maturité, et devenue, par un incroyable concours de circonstances indépendantes de sa volonté, marchande à la toilette. Mme Jargogne, tel est son nom, tire aussi les cartes, outre qu’elle a appris à faire les mains et à y lire.

— Brrr !... Cette histoire est pleine de dessous.

— Mme Jargogne, donc, entre familièrement, avec tout un murmure de jupes