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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/136

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« La discrétion, a dit un poète arabe, est à l’amour comme au sabre son fourreau : elle le garde de souillure. »


On dirait, depuis quelques jours, que Venise commence à n’amuser plus autant mon amie. Elle m’a dit l’autre soir en bâillant :

— Savez-vous ce que nous devrions faire demain ? Une promenade en voiture.

— Mais Nane, ne vous êtes-vous pas encore aperçue qu’il n’y a de chevaux à Venise qu’en cuivre ? Et le seul animal de trait qu’on y connaisse est le Bucentaure. Encore n’a-t-il plus servi depuis qu’il alla chercher Henri de Pologne. Jean Bellin (est-ce bien Jean Bellin, ou Tiepole ?) a représenté le roi au moment qu’il débarque, accompagné de Barbezières et de Villequier. (Au fait, était-ce ce bien Villequier ?)

— J’ai connu, dit Nane, un Villequier.

— C’est bien ça : un officier, brun, mince.

— Le mien était peintre sur porcelaine. Même il a fait un service de quatre cent quatre-vingts pièces, où je suis représentée en Diane, et qu’on a acheté pour l’Élysée.

— Ainsi, Nane, M. Loubet se trouve jouir quatre-cent quatre-vingts fois de vot