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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/138

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e ne croie plus à ses esthétiques, depuis ce jour où je lui voulus faire admirer sur un piédestal les plantureuses ciselures de Leopardi. Au lieu de ça, elle mettait ses mains, comme une enfant sale, dans les creux secrets du bronze, ou bien tirait la langue à deux ou trois dames allemandes qui la regardaient avec ce regard d’envie qui est encore ce qu’on a trouvé de mieux, à l’étranger, comme opinion sur nos femmes.

— Qu’est-ce qu’elles ont à m’acheter comme ça ? Je suis sûre que j’ai quelque chose qui ne va pas. Regardez.

Elle sourit d’un air victorieux et tourne avec lenteur sur elle-même, en haussant les seins. — Sa robe est bleu pastel ornée de boutons en émail camaïeu, où sont représentés des attributs Empire — la jupe volantée trois fois en forme, tout en bas. Et son chapeau est fait d’un seul oiseau dont on dirait, tant il est plat, que pendant longtemps quelqu’un de très lourd s’est assis dessus. Enfin elle cesse de girer, et me dit d’un air grave :

— Pourquoi voulez-vous que j’admire toute cette décadence ? Ça ne vaut pas mieux que Florence ; et vous savez, aussi bien que