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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/153

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— Est-ce que vous allez au bal de Lycoris ?

— Qu’est-ce qu’il vend, Lycoris ?

— Peinture. C’est à Montmartre. Voulez-vous venir ? Nous avons tout le temps jusqu’à demain soir, pour votre travesti.

— Mais en quoi me mettrai-je ?

— Eh bien, en diable quelconque : un maillot rose, couleur de la bête, et un domino noir, fermé, avec beaucoup de trous.

— Et une paire de cornes d’argent, à travers le capuchon.

— Oui, et une belle queue d’écureuil. Ça va-t-il ?

— Ça va. Mais Nane ?

— Eh bien, nous l’intriguerons.

Yeïte est séduite : elle achève son manhattan et nous prenons rendez-vous pour le costumier.


Le lendemain, vers une heure après minuit, nous faisions notre entrée chez Lycoris. Le bal battait, comme on dit, son plein. Dans le vaste atelier, tendu de cuirs chatoyants, tout un enfer de chair et de taffetas bruissait, tournait, caquetait, pressé d’habits noirs. Des tziganes, inévitables comme la mort, grinçaient sur la galerie, non loin du vestiaire-lavabo ;