Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pourtant, sans tout à fait comprendre l’aventure, ni les raisons que peut avoir mon amie de haïr cette jeune personne en jupon à raies, dont l’aimable tortuosité trahissait tout à l’heure un sexe désormais presque inattendu en ces lieux. Nane cependant se tait, et suit sa piste.

Mais des gens, sans cesse, nous coupent. Une Milanaise, dont la robe de velours olive, fendue sur le côté, laisse apercevoir que le personnage est en maillot, s’incline révérencieusement devant Nane, et d’une criarde voix :

— Venez voir, tous, clame-t-elle, venez donc voir Madame !

Puis c’est un Arlequin d’une obscénité inattendue, dont le costume collant et versicolore laisse, çà et là, par quelques losanges vides, apparaître un peu de chair. Il brandit vers nous une batte qui a l’air d’un symbole ithyphallique, ou d’une palette à croupiers.

Nous passons. Voici Valenciennes encore et sa queue de provinciaux. Depuis plus d’une heure, sans savoir pourquoi, ils la suivent, comme ils suivraient toute autre chose, propre ou sale, pourvu qu’elle soit notoire.

Mais Nane aperçoit derrière une colonne la soubrette en train de remettre so