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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/181

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malgré soi, lorsqu’on attend une autre dame que celles qui sont là. Est-ce que vous auriez fait un béguin, par hasard ?

Et se passant sur les lèvres une langue qui est comme un rond de betterave, il ajoute : C’est d’ailleurs la chose la plus agréable...

Il dit cela d’un ton suprême, qui m’agace un peu. C’est vrai, après tout, que je suis au Plutus pour attendre une dame à qui j’ai inspiré (pourquoi m’en défendrais-je ?) un tendre caprice. Et c’est vrai que les questions de Cintra, comme sa compagnie, m’agacent. Pour couper court :

— Vous qui connaissez tout le monde, lui dis-je, qui est-ce donc, tout près de nous, cette petite femme — qui a gardé ses peaux de bête — et il y a deux dos de Messieurs — dont un en raglan — qui lui font vis-à-vis ?

— C’est Mary Merrycourt, une Arlésienne : vous ne la connaissez pas ?

— Si, si, mais je n’en voyais qu’un triangle de joue.

J’appuie un peu à droite. Mary, qui m’aperçoit, cligne un sourire, à quoi je réponds par une des meilleures grimaces de mon répertoire, qui est vaste, et va de Léonard à Hoksaï. Tout de suite, elle baisse le bout rose de son nez,