Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/207

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— Ah, Nane ! Toujours indulgente aux amis..

— Qu’est-ce que vous voulez ? Il y en a de si plats qu’on y met les pieds.

Mais me voici prête. Venez-vous me tenir compagnie, au petit salon, jusqu’à l’arrivée de l’homme aux plots ?

L’homme aux plots ne se fit pas attendre, et, annoncé par la femme de chambre, entra d’un pas hardi : une éclatante Lavallière rose vif pavoisait son estomac. Mais on vit bientôt que toute cette braverie n’était que surface, rien qu’à la façon dont il s’assit. Car il se tenait tout raide au bord de son fauteuil, le buste droit ; et, avec son complet à petits carreaux qui le grossissait, et son melon maintenu de champ sur ses genoux, il faisait songer au mot du satiriste inexorable : « C’est vilain, un ouvrier qui se repose ! »

Le monsieur ami ayant pris congé tout de suite après les présentations, il ne restait plus en face d’Évenor Lemploy que cet objet chétif et redoutable, Nane, pareille encore au léopard, dans sa robe bleuâtre mouchetée d’or, et qui couvait son beau-frère des yeux, sans rien dire, toute ramassée sur son divan.

La nouvelle que madame était servie, mit un terme à cet immobile