Aller au contenu

Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

x) Anglo-Saxons, qu’à leur épilation excessive je connus Américains, se tenait assise, aussi vivante qu’il lui était loisible, mon amie Nane. C’était bien elle, son col nu, ses yeux de pierre dorée, le rebroussis de ses cheveux, et c’est avec son éternel sourire d’enfant triste qu’elle m’appela.

Suivit une de ces présentations dont je ne lui ai jamais pu faire perdre la fâcheuse habitude :

— Monsieur Pastisson.

Et elle enveloppa du même geste les six fracs.

— Puisqu’il faut pâtir, pensai-je ; et je m’assis.

Mais, comme je ne sais pas l’anglais, la conversation fut laborieuse. Après une infructueuse tentative de me faire entendre leur français, où Nane seule sans doute sait démêler ce qui lui est utile, l’un d’eux me parla quelque chose qui était, je pense, de l’allemand. Par politesse je répondis en basque : il eut l’air d’abord de comprendre, croyant peut-être que ce fût du cheepaway, mais l’erreur fut courte, et ils retombèrent dans un sextuple silence, Nane et moi nous étant alors mis à causer de sa guérison imprévue, de ma prison, de mille