Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/49

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— À Dieu ne plaise ; mais pour avoir droit à une salle vaste, commode, bien éclairée, est-ce qu’il est indispensable de salir de la toile ?

— Vous savez, moi je disais ça pour dire quelque chose.

— Je n’espérais plus votre visite : Jacques m’a écrit pour décommander.

— Alors, parce que Monsieur se marie, il croit qu’on ne va plus jamais rien faire !

— Du thé, par exemple ?

— Merci, j’aimerais mieux une cigarette.

Elle l’allume, et retombe dans cette immobilité qui est une de ses grâces : on dirait, tant ses mouvements sont rares, qu’ils sont précieux bien plus que ceux des autres êtres.

Nous nous taisons tous deux ; et il semble bien que tous deux nous pensons la même chose ; c’est qu’il va falloir que je lui fasse quelques doigts de cour : cette obligation de politesse n’échauffe ni son cœur, sans doute, ni le mien.

Nous nous taisons.

— Galanterie française, m’écrierais-je, si l’on s’écriait jamais en ces rencontres, pourquoi me faire une nécessité professionnelle de ce qui serait si agréable, s’il était spontané.