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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/50

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L’inspiration de mes sens ne suffirait-elle pas mieux que la tradition, ou mes lectures, à me faire presser une main tremblante, un genou qui se dérobe (ou non) et cette taille, où il ne semble pas encore que le corset ait marqué ses plis. Outre les cas où ça n’est pas drôle, et que, si Nane était une dame mûre de médiocre conservation, l’ardeur que j’apporterais à l’attaque, constamment refroidie par l’effroi de vaincre, me mettrait en ridicule posture. Enfin.

— Vous avez là, Nane, une bien jolie robe : elle fait valoir vos hanches.

— Vous me l’avez vue plus de cent fois.

— Plus de cent fois ? Peut-être pas. Et puis il y avait du monde. (Ceci est le début de la campagne.)

— Vous ne regardez les robes que dans l’intimité ?

— Et à l’envers, Nane, comme les feuilles.

Elle rit, languissamment. Je me rapproche d’elle, et je m’efforce d’avoir l’air hardi comme un page. Mais son front se plisse.

— Quel monte-en-bas, dit-elle tout à coup, que ce Jacques. Vous savez qu’il m’a lâchée. Monsieur épouse un sac.

— C’est pour la rime, sans doute.