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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/68

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faut-il faire ? Si je ne la reçois pas, elle va faire du scandale. On ne peut pourtant pas la faire entrer au salon — dans mon oratoire non plus — mon Dieu, mon Dieu ! »

— Si j’étais madame la Marquise, répondit Firmin (et cette hypothèse paraissait devoir être écartée), je la mettrais dans ma chambre à coucher. Personne n’entendrait rien, comme par exemple dans la salle à manger ; et on pourrait dire après que c’était une institutrice en commission.

— Eh bien, Firmin, décida la marquise avec un désespoir languissant, faites-la monter ; j’arrive tout de suite. Surtout n’en dites rien à M. le Marquis, s’il rentrait ; elle a peut-être du vitriol.


Dans la haute chambre Empire, qui depuis trois générations n’avait presque point changé sans doute, Nane se tenait debout, un peu intimidée tout de même, et consciente de n’être pas absolument à sa place. Autour d’elle des objets durs et magnifiques restaient hostiles ; des portraits aussi, pendus aux murailles, et en particulier le père de Jacques, feu le général marquis d’Iscamps, par Winterhalter, qui semblait lui darder une indignation militaire.