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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/69

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Mme d’Iscamps entra : elle était grande, paresseuse de gestes, avec des yeux étonnés et doux. Tout de suite elle parut aussi intimidée que Nane ; et elles restaient debout toutes deux, qui se regardaient en silence. Enfin la marquise dit :

— Qu’est-ce qui me vaut, Madame, ce... ce plaisir inattendu ?

Nane posa alors sur une table un ridicule assez gonflé :

— Voici, dit-elle, les choses... les lettres, enfin ; et puis d’autres bibelots qui sont à Jacques, des... des boutons de chemise...

Et elle éclata en sanglots ; c’était trop émouvant aussi, cette grande chambre, et cette mère si douce, si noble, et ce vieux militaire par Winterhalter. Déjà elle avait oublié les choses fines, désagréables, éloquentes, si bien préparées. Car elle avait décidé que cette grande dame « prendrait quelque chose pour son rhume » ; qu’elle s’entendrait dire, entre autres galanteries, que son fils était « le dernier des manants » (Vlan !) et que lorsque, perdant la tête, elle offrirait une grosse somme d’argent à Nane pour l’apaiser, celle-ci répondrait en propres termes : « Non, madame la Marquise ; ce qui m’a fâchée contre Jacques, ce n’est pas