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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/70

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qu’il se choisisse une épouse, mais c’est le procédé. Et vous auriez beau m’offrir toute votre fortune, je ne suis pas encore assez croulante pour me faire entretenir par les familles de mes anciens amis. »

Mais voici que la mère ne se prêtait pas plus que ne l’avait fait le fils aux scénarios imaginés par Nane, et Nane elle-même, depuis un moment, avait changé de personnage ; elle se sentait « toute chose ». Appuyée à une table, comme pour ne pas tomber, et tandis que des pleurs inondaient ses joues qu’elle devinait pâlissantes, elle songea avec satisfaction qu’elle devait paraître tout près de s’évanouir.

— Calmez-vous, mon enfant, lui dit la marquise ; vous paraissez souffrir. Voulez-vous vous asseoir (Nane s’écroula sur une chaise), quelque chose pour vous remettre, de l’eau de mélisse, voulez-vous ? ou un peu de grenache, j’en ai justement ici.

Elle posa un verre à côté de Nane, l’emplit ; n’était-ce pas à cause de son fils, en somme, que cette malheureuse se désespérait. Elle s’assit elle-même, à un peu de distance.

Nane but, sembla se calmer. Quelques larmes encore coulaient dans son verre. Touchante et ridicule ainsi, elle parut moins belle à Mme