Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Portugaise. Le tout est de laisser les choses en leur place : elles y présentent de l’agrément.

Nous étions assis tous deux à la terrasse du Schubert ; le soir indulgent s’attardait sur la Ville, où mai à son déclin semblait prêter aux choses une douceur nouvelle. Le bruit des molles voitures croissait et décroissait comme s’il eût été le bruit même de la mer ; et il y avait autour des guéridons une conversation multiple et joyeuse qui papillotait aux oreilles.

Je suivis le trottin des yeux. Elle laissait paraître cette grâce souffreteuse en même temps que hardie qui émeut parfois chez les Parisiennes du peuple. Avec un demi-sourire d’espérance qui écartait ses lèvres pâles, elle allait de son pas net et presque dur vers son amant, sans doute ; ou peut-être chez le vieux monsieur qui lui promet une situation.

— Comment m’intéresserais-je à des choses que je connais trop bien, ou que je ne connaîtrai jamais ? Qui me dira si cette enfant a le cœur bien placé, et comment saurai-je si le maître d’hôtel qui passe là doit d’être bouffi et jaune à une maladie de foie ou à des peines sentimentales ? D’ailleurs, qu’est-ce que cela me fait ?