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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/100

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mais sans y parvenir. Il ne réussit pas davantage à dissimuler son trouble et, en s’asseyant sur une chaise, il accrocha son sabre et faillit tomber.

Avec beaucoup d’hésitation et en bégayant, il dit en mauvais français à Sanine qu’il venait au nom de son camarade, le baron von Daenhoff, demander à M. von Zanine de présenter des excuses pour les paroles injurieuses qu’il avait prononcées la veille à l’adresse du baron von Daenhoff, et que si M. von Zanine refusait de s’excuser, le baron von Daenhoff demanderait satisfaction.

Sanine répondit qu’il n’avait nullement l’intention de s’excuser, mais qu’il était prêt à donner satisfaction.

Alors le second lieutenant, toujours en hésitant, demanda avec qui, à quelle heure, et où les pourparlers pourraient avoir lieu.

Sanine répondit que M. von Richter pouvait passer dans deux heures, et que pendant ce temps il se procurerait un témoin, tout en se disant, in petto : « Où diable irai-je le chercher ? »

M. Richter se leva, salua, mais sur le seuil de la porte s’arrêta comme pris d’un remords