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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/126

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— Quelle heure est-il ? demanda Sanine.

— Sept heures moins un quart ; il faut compter deux heures de route d’ici à Hanau, et nous devons être les premiers sur le terrain. Les Russes préviennent toujours leurs adversaires. J’ai choisi la meilleure voiture de Francfort.

Sanine fit à la hâte sa toilette.

— Et où sont les pistolets ?

— Le ferroflucto Tedesco apportera les pistolets… et c’est lui qui s’est chargé d’amener un médecin.

Pantaleone cherchait à se maintenir au diapason de courage de la veille. Mais quand il fut dans la voiture avec Sanine, quand le cocher fit claquer son fouet et que les chevaux partirent au galop, l’ex-chanteur, l’ex-ami des dragons blancs de Padoue changea de contenance. Il se troubla, il eut même un peu peur… Quelque chose en lui s’effondrait comme un mur mal bâti.

— Pourtant que faisons-nous là, mon Dieu ! Santissima Madonna ! cria-t-il d’une voix lamentable, en se prenant les cheveux ! — Qu’est-ce que je fais là, vieil imbécile ! Fou frénético ?