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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/132

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lui : il trouva au travers du sentier un jeune tilleul renversé, brisé sans doute par la bourrasque de la veille… l’arbre mourait positivement… toutes ses feuilles se desséchaient.

— Serait-ce un présage ? demanda Sanine. Il se mit aussitôt à siffler, sauta par-dessus le tilleul et continua à suivre le sentier.

Pantaleone grondait, s’emportait contre les Allemands, et se frottait le dos et les genoux. L’émotion le faisait bâiller, ce qui donnait une expression comique à son petit visage ratatiné. Sanine avait de la peine à se tenir de rire en le regardant.

Enfin les deux hommes entendirent un bruit de roues sur la route unie.

— Les voici ! s’écria Pantaleone ; et il prêta l’oreille au bruit, il redressa sa taille non sans un frisson nerveux, qu’il se hâta de mettre sur le compte de la fraîcheur de la matinée.

— Brrr !… il fait froid ce matin !

Une rosée abondante mouillait les herbes et les feuilles, cependant la chaleur commençait à pénétrer dans le bois.

Les deux officiers firent leur apparition peu après ; ils étaient suivis par un petit homme