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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/154

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pas que j’ai mis en vous tout mon espoir !

Sanine entra dans le jardin.

Gemma était assise sur un banc dans une allée. Elle triait d’une grande corbeille de cerises les fruits les plus mûrs et les mettait dans une assiette.

Le soleil était à son déclin. Il était six heures passées, et dans les larges rayons obliques dont le soleil inondait le jardin, il entrait plus de pourpre que d’or.

Parfois, comme à mi-voix, et sans hâte, les feuilles murmuraient entre elles, et des abeilles retardataires bourdonnaient, voletant d’une fleur à l’autre ; au loin, une tourterelle roucoulait son chant monotone et infatigable.

Gemma était coiffée du même chapeau rond qu’elle avait mis pour aller à Soden.

Elle regarda Sanine à l’abri de l’aile repliée du chapeau et se pencha de nouveau sur sa corbeille.

En s’approchant de Gemma, Sanine ralentissait involontairement le pas, et, pour l’aborder, il ne trouva que cette question :

— Pourquoi faites-vous un triage parmi ces cerises ?