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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/155

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La jeune fille ne se pressa pas de répondre.

— Ces cerises-là sont plus mûres, dit-elle enfin, nous les réservons pour les confitures, les autres serviront pour les tartelettes. Vous savez bien… ces tartelettes saupoudrées de sucre que nous vendons.

Gemma baissa encore plus la tête, tandis que sa main droite restait en l’air entre la corbeille et l’assiette, et tenait deux cerises.

— Me permettez-vous de m’asseoir à côté de vous ? demanda Sanine.

— Volontiers.

La jeune fille fit un peu de place et Sanine s’assit près d’elle.

« Comment vais-je commencer ? pensa le jeune homme. » Mais Gemma le tira d’embarras.

— Vous vous êtes battu en duel aujourd’hui ? dit-elle vivement.

Elle leva vers lui son beau visage qui s’enflamma de honte… Mais quelle reconnaissance intense éclatait dans ses yeux !

— Et vous semblez si calme ! ajouta-t-elle. Le danger n’existe donc pas pour vous ?

— Mais je n’ai couru aucun danger… Tout