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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/156

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s’est passé le plus simplement du monde…

Gemma leva le doigt et le passa devant ses yeux de droite à gauche et de gauche à droite. C’est un geste italien.

— Non ! non ! ne dites pas cela ! Vous ne me donnerez pas le change ! Pantaleone m’a tout raconté.

— Et vous croyez à cette histoire ?… Ne m’a-t-il pas comparé à la statue du Commandeur ?

— Ses expressions sont peut-être ridicules ; mais ses sentiments et votre conduite ce matin ne le sont pas… Et tout cela pour moi… pour moi… Je ne l’oublierai jamais.

— Je vous assure, Fraülein Gemma…

— Non, je ne l’oublierai jamais, continua-t-elle, en appuyant sur chaque syllabe.

Elle attacha de nouveau son regard sur le jeune homme, puis détourna la tête.

Il ne voyait en cet instant que son profil pur, et il lui parut qu’il n’avait encore rien vu d’aussi beau, ni ressenti ce qu’il éprouvait en ce moment.

« Et ma promesse ? » se dit-il.

— Fraülein Gemma, reprit-il après un instant d’hésitation.