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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/157

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— Eh bien ?

Elle ne tourna pas la tête de son côté, mais continua de trier les cerises… Elle les prenait délicatement du bout des doigts par la queue, en écartant soigneusement les feuilles.

Mais que de confiance caressante elle mettait dans ces deux mots : « Eh bien ? »

— Votre mère ne vous a rien dit au sujet… ?

— Au sujet… ?

— Sur mon compte ?

Gemma versa tout à coup les cerises dans la corbeille.

— Elle vous a parlé ? demanda la jeune fille.

— Oui.

— Que vous a-t-elle dit ?

— Elle m’a dit que vous… que vous… que vous aviez subitement décidé de changer… vos intentions…

Gemma inclina de nouveau la tête… tout son visage disparut sous son chapeau ; on ne voyait plus que son cou souple et délicat, comme la tige d’une fleur.

— Quelles intentions ?

— Vos intentions… au sujet… de votre avenir…