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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/18

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crispée qu’elle portait convulsivement à ses joues pâles, exprimaient un désespoir si intense, que Sanine la suivit précipitamment par la porte restée ouverte derrière elle.

Dans la chambre où il pénétra à la suite de la jeune fille, il vit, étendu sur un divan de crin de forme ancienne, un garçon de quatorze ans. Sa ressemblance avec la jeune fille frappait ; évidemment, c’était son frère.

Il était tout blanc avec des reflets jaunes, couleur de cire ou de marbre antique. Les yeux étaient fermés ; l’ombre de ses cheveux touffus et noirs faisait tache sur son front pétrifié et sur ses fins sourcils immobiles ; entre les lèvres bleuies, on apercevait les dents serrées.

La respiration semblait interrompue ; un des bras pendait sur le plancher, l’autre était rejeté derrière la tête.

L’enfant était tout habillé et boutonné jusqu’au menton, sa cravate étroite lui serrait le cou.

La jeune fille courut vers lui avec des sanglots.

— Il est mort, il est mort ! cria-t-elle. — Il y