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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/181

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daient dans l’air. Dans le lointain une vapeur blanche s’épaississait lentement ; l’air était embaumé du parfum des résédas et des fleurs d’acacias.

Les boutiques n’étaient pas encore ouvertes, mais déjà l’on apercevait des piétons dans la rue ; de temps en temps une voiture isolée roulait bruyamment… Il n’y avait pas de promeneurs dans le jardin.

Le jardinier, sans se presser, ratissait les allées, et une toute vieille femme enveloppée d’un manteau de drap noir passa en boitant. Sanine ne pouvait pas un instant prendre cet être rabougri pour Gemma, et pourtant son cœur eut un battement insolite, et il suivit des yeux avec intention cette forme noire qui s’effaçait.

L’horloge de la tour sonna sept heures. Sanine s’arrêta.

« Se pourrait-il qu’elle ne vienne pas ? »

Un frisson d’effroi courut dans tous ses membres.

Le même frisson de crainte le secoua de nouveau, l’instant d’après, mais cette fois pour une cause bien différente.