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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/182

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Sanine avait entendu derrière lui des pas légers, le frôlement d’une robe de femme… Il se retourna : c’était elle !

Gemma se trouvait dans l’allée, un peu derrière lui. Elle portait une mantille grise et un petit chapeau sombre. Elle jeta un regard sur Sanine, puis tourna la tête de l’autre côté — enfin, arrivée près du jeune homme, elle pressa le pas et le devança.

— Gemma ! dit-il à voix très basse.

Elle hocha légèrement la tête et marcha devant elle.

Il la suivit.

La poitrine de Sanine haletait et ses jambes se dérobaient sous lui.

Gemma dépassa le pavillon et prit à droite, contourna le bassin bas, dans lequel un moineau se baignait affairé, puis faisant le tour d’un massif de lilas se laissa tomber sur un banc placé derrière.

C’était un coin abrité et discret. Sanine s’assit à côté de la jeune fille.

Une minute passa pendant laquelle ni l’un ni l’autre ne prononça une parole ; elle ne tournait pas les yeux sur son compagnon, et