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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/278

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Mentalement, il demanda mille fois pardon à sa pure, à son immaculée tourterelle, bien qu’il ne comprît pas de quoi il se sentait coupable. Il baisa encore et encore la petite croix que Gemma lui avait donnée.

S’il n’avait pas eu l’espoir de boucler promptement l’affaire qui l’avait amené à Wiesbaden, il se serait enfui de là, au galop, pour retourner à son cher Francfort, dans cette maison aimée qu’il regardait déjà comme un peu sienne, aux pieds de Gemma.

Mais il n’y avait pas de remède à son mal ! Il fallait boire le calice jusqu’au fond, s’habiller, aller dîner, et de là au théâtre…

— Pourvu, se disait-il, qu’elle me laisse partir demain !

Il y avait encore une chose qui le troublait et le mettait en colère… Il pensait, sans doute, avec amour, avec attendrissement, avec extase, avec reconnaissance à Gemma, à la vie qu’ils mèneraient à eux deux, au bonheur qui l’attendait dans l’avenir, et pourtant cette femme étrange, cette madame Polosov, était sans cesse devant ses yeux, « un crampon », s’avouait-il avec colère. Et il ne pouvait pas se