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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/279

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débarrasser de l’image de Maria Nicolaevna, s’empêcher d’entendre sa voix, chasser le souvenir de ses paroles, il ne pouvait se délivrer du parfum particulier, fin, frais, si pénétrant, comme le parfum d’un lis jaune, qu’exhalaient les vêtements de madame Polosov.

C’était évident, cette femme se moquait de lui… elle tâchait de s’emparer de lui de mille façons.

Dans quelle intention ? Que lui voulait-elle ? Était-ce simplement le caprice d’une femme riche, gâtée… et sans scrupules ?…

Et le mari ? Quel être ! Quelles sont donc ses relations avec sa femme ?

Pourquoi Sanine ne parvenait-il pas à refouler toutes ces questions qui assiégeaient sa pauvre tête ? En réalité ne pouvait-il penser à autre chose qu’à M. et madame Polosov ? Pourquoi lui était-il impossible de chasser cette image qui le hantait sans cesse, même quand toute son âme se tournait vers une autre image, lumineuse et claire comme le jour ?

Comment le visage de cette femme ose-t-il venir s’interposer entre lui et les traits divins de l’aimée ? Non seulement ce visage