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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/303

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qu’il avait raison, restait absorbée, et tout à coup reprenait l’offensive… Et pendant ce temps leurs visages se rapprochèrent, et les yeux du jeune homme ne se détournaient plus des yeux de la jeune femme, qui erraient, se promenaient sur ses traits, et Sanine souriait en réponse, poliment, il est vrai, mais il souriait…

Elle était ravie de le voir discuter les questions abstraites, discourir de l’honneur dans les relations intimes, du devoir, de la sainteté de l’amour et du mariage… C’est un lieu commun : toutes ces abstractions sont bonnes et très bonnes pour le début, comme point de départ.

Les hommes de l’intimité de Maria Nicolaevna assuraient que lorsque dans cet être vigoureux et fort pointaient la modestie, la tendresse et la pudeur virginale, — Dieu sait d’où ces vertus lui venaient — alors, oui alors seulement, les choses prenaient une tournure dangereuse.

L’entretien de Sanine et de Maria Nicolaevna prenait cette tournure fâcheuse.

Il aurait ressenti un grand mépris de soi,