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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/306

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— Je ne m’en inquiète nullement.

Maria Nicolaevna soupira.

— Ah ! je sais bien que cela ne vous inquiète pas !… Écoutez pourtant… Vous êtes si gentil que vous ne refuserez pas ma dernière prière ?… N’oubliez pas que dans trois jours je pars pour Paris et vous retournez à Francfort… Nous reverrons-nous jamais ?

— En quoi puis-je vous être agréable ?

— Vous savez sans doute monter à cheval ?

— Oui, madame.

— Eh bien ! voici de quoi il s’agit. Demain matin nous ferons une promenade à cheval, et nous irons hors la ville. Nous aurons d’admirables chevaux… À notre retour nous terminerons notre affaire… et amen !… Ne me répondez pas que c’est un caprice et que je suis folle — c’est peut-être la vérité ! — mais dites-moi tout de suite : J’accepte !

Elle tourna vers Sanine son visage. Il faisait obscur dans la voiture, mais les yeux de Maria Nicolaevna brillèrent dans la nuit.

— Bien, j’accepte ! dit Sanine avec un soupir.

— Ah ! vous avez soupiré ! s’écria Maria