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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/325

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Elle souleva son chapeau et se mit à natter ses longues tresses, gravement et sans prononcer une parole.

Sanine restait toujours debout devant elle.

Les formes élégantes de la jeune femme se dessinaient nettement sous les plis sombres du drap, auquel ici et là se collaient des brins de mousse.

Un des chevaux tout à coup se secoua derrière Sanine. Le jeune homme tressaillit de la tête aux pieds ; tout se brouillait devant ses yeux, ses nerfs étaient tendus comme des cordes de violon.

Il disait la vérité en assurant qu’il ne se reconnaissait plus. En effet, il était ensorcelé… Tout son être était possédé d’une seule pensée, d’un seul désir.

Maria Nicolaevna jeta sur lui un regard pénétrant.

— Maintenant tout est en ordre, dit-elle en remettant son chapeau… Pourquoi restez-vous debout ? Asseyez-vous ici… Non… attendez !… Ne vous éloignez pas… Qu’est-ce qu’on entend ?

Un bruit sourd roula par-dessus les cimes des arbres, ébranlant l’air dans le bois.