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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/326

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— Est-ce possible ? Le tonnerre ?

— On dirait, en effet, que c’est le tonnerre…

— Mais c’est une véritable fête… Quelle fête… C’est la seule chose qui nous manquait…

Pour la seconde fois un bruit sourd retentit et s’abattit en longs roulements.

— Bravo, bis ! Vous rappelez-vous ce que je vous disais hier de l’Énéïde ?… Eux aussi ils ont été surpris par l’orage dans une forêt… Maintenant, sauvons-nous.

Elle se releva d’un bond.

— Amenez-moi mon cheval… Présentez-moi votre main… Ainsi… Je ne suis pas lourde.

Elle s’élança en selle, légère comme un oiseau.

Sanine remonta à cheval.

— Vous voulez rentrer ? demanda-t-il d’une voix mal assurée.

— Rentrer ! dit-elle en accentuant lentement les syllabes tout en rassemblant les brides.

— Suivez-moi, cria-t-elle à Sanine d’un ton de commandement.