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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/327

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Elle rejoignit le sentier et après avoir passé la croix rouge, elle descendit dans un chemin enfoncé, arriva à un carrefour, tourna à droite, et de nouveau gravit la montagne.

L’amazone savait évidemment où elle allait, le chemin qu’elle avait choisi pénétrait toujours plus dans les profondeurs de la forêt.

Maria Nicolaevna ne parlait pas, ne regardait pas son compagnon ; elle avançait d’un air impérieux, et Sanine la suivait docilement sans une étincelle de volonté dans son cœur qui se pâmait.

Une pluie fine commença à tomber. Maria Nicolaevna accéléra la marche de son cheval et Sanine en fit autant.

Enfin, à travers la verdure sombre des sapins, Sanine aperçut à l’abri du rocher gris une misérable hutte avec une porte dans le mur formé de branches entrelacées.

Maria Nicolaevna obligea son cheval à se frayer un passage entre les sapins, puis elle sauta à terre, et courut devant l’entrée de la guérite. Alors, se tournant vers Sanine, elle murmura : Énée !