Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de fer comme celle que Maria Nicolaevna avait donnée à Sanine !!!

Ensuite vinrent des souvenirs plus tristes, plus honteux encore.

Un matin le garçon lui remit une carte de visite portant le nom de Pantaleone Cippatola, chanteur italien de S. A. R. le duc de Modène. Et Sanine refusa de voir le vieillard, mais il ne put échapper à une rencontre dans le couloir.

Il revoit le visage irrité de l’ex-chanteur dont le toupet se hérissait encore et ses yeux brillaient comme des tisons ; et il entend encore ses exclamations et ses malédictions : Maledizione !

Ces mots affreux retentissent encore à ses oreilles : Codardo ! Infame traditore ! (Lâche, traître infâme.)

Sanine ferme les yeux et secoue la tête, il regarde à droite, à gauche, mais malgré lui il se voit de nouveau dans la dormeuse, sur l’étroite banquette de devant ; sur les sièges du fond sont confortablement assis Maria Nicolaevna et Polosov ; quatre chevaux emportent joyeusement la voiture loin de Wiesbaden… à Paris ! à Paris !