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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/57

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partement de Sanine comme chez lui ; il examina tous les effets du voyageur et le questionna sur la provenance et la qualité de chaque objet. Il aida Sanine à se raser, et engagea le jeune Russe à laisser pousser ses moustaches. Tout en bavardant, il confia à son nouvel ami beaucoup de détails sur la vie de sa mère, de sa sœur, de Pantaleone et même du caniche Tartaglia, en un mot il décrivit toute leur manière de vivre.

Toute trace de timidité avait disparu de chez Emilio, il ressentit une vive sympathie pour Sanine, non parce que le jeune Russe lui avait sauvé la vie la veille, mais parce qu’il se sentait fortement attiré vers lui. Il n’eut rien de plus pressé que de confier à son nouvel ami ses secrets.

Il lui avoua que sa mère le destinait au commerce, tandis qu’il savait, il le savait pertinemment, qu’il était né pour être artiste, musicien, chanteur, qu’il avait une vocation décidée pour le théâtre : la preuve en était que Pantaleone l’engageait à suivre cette carrière. Malheureusement M. Kluber était de l’avis de sa mère, et il exerçait une grande influence