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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/67

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— Six kreutzers, répondit Gemma sur le même ton.

Sanine pesa un quart de livre, trouva du papier pour envelopper la marchandise, confectionna un cornet, versa dedans les pastilles qu’il répandit de tous côtés, réussit non sans peine à les faire entrer dans le sac, et enfin les livra et reçut la monnaie.

L’acheteur le contemplait avec stupéfaction en tournant son chapeau sur sa poitrine, tandis que dans la chambre à côté Gemma se tenait la bouche pour étouffer son rire fou.

À peine ce client fut-il sorti qu’il en vint un second, un troisième…

— J’ai de la veine, pensa Sanine.

Le second chaland demanda un verre d’orgeat, le troisième une demi-livre de bonbons.

Sanine réussit à satisfaire à tous, il tourna énergiquement les cuillers dans les verres, remua les assiettes et sortit agilement les conserves et les bonbons des bocaux et des boîtes.

Lorsqu’il fit son compte, il découvrit qu’il avait vendu trop bon marché l’orgeat, mais qu’il avait pris deux kreutzers de trop pour les bonbons.