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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/75

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jamais la revoir, mais pendant que la même barque, comme dans la romance d’Ilhland, les porte sur les ondes domptées de la vie : « Réjouis-toi, goûte la vie, voyageur !… »

Et tout semblait beau et agréable à l’heureux voyageur !

Frau Lénore lui proposa de se mesurer avec elle et Pantaleone au « tresette », et elle lui apprit ce jeu de cartes italien peu compliqué, où elle gagna quelques kreutzers, et il était parfaitement heureux.

Pantaleone, à la demande d’Emilio, commanda au caniche Tartaglia d’exécuter tous ses tours, et Tartaglia sauta par-dessus un bâton, parla, c’est-à-dire, aboya, éternua, ferma la porte avec son museau, apporta la vieille pantoufle de son maître, et finalement, coiffé d’un vieux shako, figura le maréchal Bernadotte recevant de cruels reproches de Napoléon sur sa trahison.

Napoléon était représenté par Pantaleone, assez fidèlement ; les bras croisés, un tricorne enfoncé sur les yeux, il grondait furieusement en français… et dans quel français ? Tartaglia était assis devant son Empereur humblement