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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/90

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Tel est le menu du dîner que le premier restaurateur de Soden servit à ses hôtes.

En somme, tout se passa très correctement. Peu d’animation, par exemple, même quand M. Kluber porta un toast à « ce que nous aimons ! » (was wir lieben !) L’entrain manqua. C’était trop comme il faut, trop convenable pour être gai.

Après le dîner, on servit du café clair, roussâtre, un vrai café allemand.

M. Kluber, en parfait gentleman, demanda à Gemma la permission de fumer un cigare.

C’est alors qu’il se passa quelque chose d’imprévu, de très désagréable et même de très inconvenant.

À une table voisine se trouvaient quelques officiers de la garnison de Mayence. Il était facile de voir, d’après la direction de leurs regards et leurs chuchotements, que la beauté de Gemma les avait frappés. Un de ces officiers, qui avait été à Francfort, ne détachait pas ses yeux de la jeune fille, comme s’il la connaissait très bien. Il savait certainement qui elle était.

Messieurs les officiers avaient déjà beaucoup