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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/124

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24. Appel au Roi des Français, comme étant le chef nommé par la nation[1].

Sire,

Les anciens rois de France contractaient, en acceptant le titre de Roi, l’obligation sacrée de défendre valeureusement la nation, dont ils étaient les chefs militaires, contre toute attaque ennemie. — Dans ces temps de guerre la France appartenait de fait à deux classes privilégiées, la noblesse et le clergé. Seigneurs, barons, nobles et évêques étaient les chefs religieux, militaires et civils, eux seuls gouvernaient la plèbe à leur gré et selon leur bon plaisir. — Serfs, vilains, manants et même bourgeois, subissaient leur domination. — Certes, le despotisme de ces seigneurs faisait peser sur la plèbe bien des douleurs et bien des souffrances… Cependant, tout en recevant de son maître des coups de fouet, le serf en recevait aussi du pain pour sa nourriture, des vêtements pour se couvrir, du bois pour se chauffer et un asile pour s’abriter.

Sire, aujourd’hui les choses sont changées. — Il n’y a plus de roi de France, — plus de barons, — plus d’évêques. — Le peuple ne reçoit plus de coups de fouet ; il est libre, et tous sont égaux devant la loi, — oui, mais en l’absence du droit au travail, il est exposé à mourir de faim !

En 1830, les représentants de la nation, jugeant qu’à une époque de paix, de liberté, d’égalité et de travail, elle n’avait plus besoin d’un chef militaire, prononcèrent la déchéance du dernier roi de France, —

  1. Roi (du latin rex, regis, fait de regere, régir, gouverner), celui qui, dans un royaume, exerce la puissance souveraine (Dict.)
    Chef, celui qui est à la tête, qui commande, qui dirige, qui conduit, etc., etc. (Dict.).