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Aujourd’hui la bourgeoisie se partage en deux camps bien distincts. — D’un côté sont les sourds et les aveugles, on pourrait même ajouter les culs-de-jatte ; car, de même qu’au temps de Jésus, ils ont des yeux et ne voient pas ; des oreilles et n’entendent pas ; des jambes

    vouloir stipendier des défenseurs pour renverser le gouvernement, etc., etc. Le Journal des Débats, dans ses jours de boutades les plus furibondes contre les anarchistes, ne m’en aurait pas dit davantage. Je le demande, que penser de semblables accusations venant de la part du directeur du seul recueil démocratique qui nous reste. C’est à n’y plus rien comprendre. — Je me vois forcée, pour mettre ma véracité à couvert, de donner ici un passage de cette étrange lettre : « … Votre projet d’union n’est pas autre chose au fond qu’une association politiqué. Se cotiser pour stipendier des défenseurs qui doivent demander le renversement de l’ordre économique actuel, se cotiser et s’associer pour fournir à tous les moyens d’une propagande révolutionnaire par la presse, l’éducation, et la prédication, n’est-ce pas faire de la politique et de l’agitation, et tout ce que vous voudrez contre le gouvernement établi ? Commencez par abolir la loi sur les associations et vous pourrez mettre en avant votre projet d’union. Jusque là il me semble qué tout projet de ce genre, quelque excellent, quelque réalisable que vous le démontriez, ne sera qu’une utopie. Le gouvernement a fait poursuivre association toute commerciale des ouvriers rubaniers de Saint-Étienne, à fortiori ne laisserait-il pas se former une association qui, par son but et son importance, le menacerait bien davantage. » Cette lettre était de nature à me donner de vives inquiétudes sur la manière dont mon idée allait être comprise. — Si le directeur de la Revue indépendante, c’est-à-dire l’expression la plus avancée de notre époque (toujours d’après l’étiquette), m’accusait d’être une anarchiste, bon Dieu ! qu’allaient donc dire les conservateurs bornés ?… La lettre de M. Pernet me fit comprendre que je devais expliquer franchement et clairement mes intentions, et ce sont ces inconcevables imputations du directeur de la Revue indépendante qui me déterminent à adresser une allocution à la bourgeoisie.