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Page:Turben - Les Songes du printems, 1750.djvu/96

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Les Songes

écharpe, m’eſt inconnu. Il ſe promenoit, m’a-t-il dit, dans la forêt ; ſans doute il y cherchoit ſes Amours, (car les malheurs ne ſont faits que pour ceux qui aiment, mon exemple me l’apprend) une Bête ſauvage l’a rencontré & l’a bleſſé. C’eſt pour bander ſa plaie que je lui ai donné ton écharpe.

Combien précieuſement ne l’euſſai-je point gardée ſans cela ? Mais ſi j’avois pû la lui refuſer, mériterois-je que tu me l’euſſes donnée ?

Le voilà, Saladin, ce rival que tu crains. Dis, parle ; un malheureux que l’on ſecoure, eſt-il un Amant que l’on favoriſe ?… Ah ! que nous ſommes à plain-