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Page:Turben - Les Songes du printems, 1750.djvu/98

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Les Songes

A quelque jaloux mouvement
Si je me ſuis laiſſé ſurprendre,
Ce n’eſt point un crime en aimant,
D’être un peu trop vif & trop tendre :
Tout offenſe des tendres cœurs
La jalouſe délicateſſe,
Et l’Amour, couché ſur des fleurs,
Souvent d’une feüille ſe bleſſe[1].

Enſuite il la regarde &, rencontrant ſes yeux, baiſſe tout-à-coup les ſiens qu’il n’oſe plus lever ſur elle.

Mais ſon Amante eſt trop tendre pour ne point l’arracher à ſon embarras, & la triſteſſe où elle le voit, attriſte trop ſon cœur, pour qu’elle la laiſſe durer.

Regarde-moi, Saladin, lui

  1. Je ne ſçai de qui ſont ces jolis vérs. Comme je ne les ai lus nulle part, je les ai mis ici. Heureux ſi je puis les ſauver de l’oubli, en n’y tombant pas moi-même !