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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/454

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mination de tabacs, dans la ville de Paris et celle de Versailles, et dans l’étendue des prévôtés et vicomtes en dépendantes, leurs circonstances et dépendances, et des prévarications commises par les employés des fermes et débitants, dans l’exercice de leurs fonctions ; dérogeant à cet égard à tous édits, règlements et arrêts qui pourraient y être contraires, et notamment aux arrêts de notre Conseil des 30 mai 1771 et 7 juin 1772.

II. Ordonnons que tous les particuliers qui seront arrêtés soient interrogés dans les vingt-quatre heures, et que, sur le vu de l’interrogation qui sera rapporté à la prochaine assemblée, il puisse être statué sur le sort desdits particuliers, auxquels lesdits commissaires pourront, s’il y a lieu, adjuger des dommages-intérêts.

III. Lorsque les accusés seront prévenus de crimes assez graves pour mériter peines afflictives ou infamantes, voulons que leur procès soit renvoyé pour être instruit et jugé en dernier ressort en notre Cour des aides, dans la forme ordinaire ; à l’effet de quoi elle demeurera autorisée à juger en première et dernière instance. Pourront néanmoins lesdits sieurs commissaires y renvoyer telles autres affaires qu’ils jugeront à propos.

Si donnons en mandement, etc.


Lettre à M. Messier, de l’Académie des sciences, astronome de la marine[1].
(Ce 3 octobre 1775.)

M. de Condorcet a dû vous prévenir, monsieur, du projet que j’ai de faire constater par des expériences exactes la longueur précise du pendule, qui me paraît devoir servir d’étalon commun et de terme de comparaison à toutes les mesures qu’il sera facile d’y réduire. Mais, le mouvement de rotation et la figure de la terre faisant varier,

  1. Il n’y a jamais eu une idée plus grande et plus juste, une vue plus sage pour une nation ou un gouvernement qui voulait régler les mesures et les poids en usage dans son pays, les comparer avec les poids et les mesures des autres nations, offrir au monde, sur cet article important, un principe raisonnable et invariable, que celle de chercher ce principe dans la nature. On y est parvenu en prenant pour mètre une partie aliquote d’un arc du méridien. Tel a été le résultat du beau, de l’intéressant, de l’immense travail exécuté par MM. de Lambre, Méchain, Biot et Arago.

    Plusieurs savants, parmi lesquels M. Turgot doit être compté, avaient auparavant songé à employer un autre moyen, à prendre pour base un autre fait également naturel, qui pouvait être plus tôt connu, et qui est encore plus facile à vérifier en tout temps, à moins de frais. C’était la longueur du pendule à secondes, à un degré déterminé d’élévation du pôle, et particulièrement au 45e degré, terme moyen entre le pôle même et l’équateur : en faisant les observations nécessaires au niveau de la mer, à une assez grande distance des montagnes, pour que leur attraction ne pût causer dans la pesanteur une erreur sensible.

    Le parti qui depuis a été adopté a trois avantages de plus : celui d’être une très-belle et très-pénible opération géodésique et géographique ; celui d’avoir contribué d’autant à confirmer et à étendre les connaissances qu’on avait sur la figure du sphéroïde que nous habitons ; et celui de donner à chaque possesseur de terre, qui veut prendre la peine d’en faire le calcul, la satisfaction de savoir avec exactitude quelle